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A travers champs

Ce circuit propose d’évoquer la mémoire rurale de Meylan. A travers le parc du Bruchet et ses abords, 22 étapes présentent la richesse et la diversité des activités agricoles qui ont modelé le paysage de la commune.

Cette balade a été proposée pour la première fois lors des Journées européennes du patrimoine de 2007. Le départ et le retour de la balade se font chemin des Béalières.

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Etape 1 : Les Béals

Nous nous trouvons chemin des Béalières.
Avant l'urbanisation du quartier, entre 1981 et 1987, c'était un chemin agricole, qui traversait les champs jusqu'à Montbonnot et permettait aux habitants du Charlaix d'accéder au tramway, au hameau des Villauds et à la mairie du Haut-Meylan. Son nom provient des béals, ces petits canaux d'irrigation servant à la culture du chanvre. A moins que ce ne soit un hommage aux femmes travaillant le chanvre.
Cette culture a tenu une place prépondérante dans l'activité agricole meylanaise du XVe siècle jusqu'à 1906, car elle garantissait des revenus fiables aux agriculteurs. Ainsi les paysans possédaient une chenevière, c'est-à-dire un champ planté de chanvre.

Avançons dans le quartier des Béalières pour découvrir un ancien routoir.

Etape 2 : Un routoir

La commune comptait de nombreux routoirs. Un routoir était un bassin qui servait à faire tremper les tiges de chanvre pour en extraire la filasse qui était ensuite travaillée. Placés dans un endroit ombragé, les routoirs étaient alimentés par l'eau des béals.
Après l'arrêt de la culture du chanvre, ils ont été abandonnés. Beaucoup ont été comblés par de la terre, d'autres sont encore visibles. L'un d'eux, situé vers le LCR du Petit Bois, a servi de piscine pour les enfants dans les années 1940.

Etape 3 : Les fêtes

Les Meylanais cherchaient à sortir de leur univers quotidien par des événements leur permettant de rompre avec la monotonie de la vie ordinaire. De nombreuses fêtes jalonnaient le calendrier et rythmaient leur vie. Les fêtes, en effet, permettaient un temps d'oublier les difficultés des travaux agricoles. Fêtes religieuses ou réunions de familles et de voisins, elles ont laissé des traces dans les mémoires et dans les textes.

Etape 4 : La Grande Traverse

La Grande Traverse, chemin du regard et de la mémoire. Le projet est né de l'observation d'un ancien chemin agricole retrouvé au cours de l'urbanisation du quartier des Béalières (1981-1987). Ce parcours, inauguré en 2006, accessible à tous, traverse la ville d'est en ouest (ou l'inverse) et déroule les fils de l'histoire de Meylan, de la soie et de l'eau.

Etape 5 : Les arbres

Jusqu'au milieu du XXe siècle, Meylan était composé de multiples parcelles agricoles, bordées par des haies et des peupliers d'Italie ; mais aussi de parcs boisés d'essences traditionnelles et exotiques autour de grandes demeures de propriétaires, et des boisements le long des torrents. Les arbres et les haies servaient de limite entre deux cultivateurs et de repères géographiques pour se situer. Sur et autour de ces arbres, poussaient des champignons qui faisaient le régal des personnes averties.
L'urbanisation de la ville a été réalisée en essayant, le plus possible, de conserver et de maintenir les trames agricoles et boisées héritées du début du siècle.
Dans la ville du XXIe siècle, l'arbre a trouvé une place plus importante que dans le village rural, offrant une certaine nature en ville aux habitants, permettant à certaines espèces animales et végétales, autrefois présentes dans les champs et les haies, de se maintenir et de se déplacer malgré les bouleversements du paysage.

Etape 6 : Les bovins

Contrairement aux communes voisines, Meylan possédait un important cheptel bovin (jusqu'à 350 têtes vers la moitié du XXe siècle). De charge ou laitières, les bêtes étaient utiles pour les travaux dans les champs et comme source de revenus. Chaque foyer possédait une ou deux vaches, qui étaient gardées par les enfants. Grâce à elles, la famille pouvait consommer des produits laitiers sous toutes ses formes : lait, beurre, fromages. Une vache produisait également des veaux pour la viande et du fumier pour engraisser la terre de culture.
La proximité de Grenoble permettait de vendre le surplus de lait, en utilisant notamment le tramway.
Monsieur et Madame Pras, de la ferme de la Taillat, ont eu une trayeuse électrique en 1960.

Etape 7 : Autre bétail

Les chevaux : vers la moitié du XXe siècle, ils étaient au nombre de 70. Bête de trait, à laquelle on attelle une charrue ou une voiture, le cheval a été remplacé par les tracteurs et les automobiles.

Les porcs : chaque famille possédait un ou plusieurs cochons. Sa viande était consommée par la famille. Il était nourri avec les restes. Comme dit le proverbe « dans le cochon, tout est bon ! ».

Les ovins et les caprins : les moutons et les chèvres, moins nombreux, ont laissé moins de souvenirs dans les mémoires. Les troupeaux paissaient dans le très haut Meylan, nettoyant et fertilisant les terrains.

Etape 8 : Les fleurs et l'horticulture

Les terrains sableux et limoneux de la plaine étaient soumis aux débordements de l'Isère jusqu'au milieu du XXe siècle. Aussi les agriculteurs de l'Ile d'Amour cultivaient-ils des plants (des semis) et des fleurs qui pouvaient facilement être remplacés après une crue. Dans la plaine de la Taillat existaient, durant de nombreuses années, les plantations de deux fleuristes Grenoblois, qui offraient des roses à leurs voisines quand la récolte était abondante. L'entreprise des pépinières Paquet, créée en 1942, s'est installée sur ces terrains dans les années 1980.
Son activité reprend celle commencée par Paul de Mortillet, grand personnage Meylanais, pépiniériste et « pomologue », qui a planté de nombreux arbres dans les propriétés du Haut-Meylan, mais dont les pépinières se trouvaient à l'Ile Verte de Grenoble.

Etape 9 : Les foins

Quand les champs ne sont pas mis en culture, la terre se reconstitue en prairie naturelle ou artificielle (trèfle), selon le principe d'assolement (jachère).
Ces terrains permettent de nourrir les animaux en les laissant paître, ou en récoltant le foin qui servira de nourriture et de litière pendant la saison d'hiver.
Deux fois par an, la fenaison occupe les agriculteurs. Sa qualité dépend des conditions de récolte et de séchage, qui peuvent être contrariées par des conditions climatiques défavorables. Les mauvaises années sont lourdes de conséquences pour les agriculteurs.

Etape 10 : Les céréales

Le blé est la première céréale produite sur la commune depuis le Moyen Age jusqu'au milieu du XIXe siècle. Depuis 1850, sa production recule au profit de cultures plus rentables comme la vigne.
L'avoine, le seigle et l'orge sont les autres céréales cultivées à Meylan. La production de maïs se développe surtout après la 1ère Guerre Mondiale, avec l'arrivée des semis américains.
Les céréales demandent de grandes étendues de terre. Ce sont surtout les fermes importantes qui les cultivent. Néanmoins, chaque exploitant en plante pour sa consommation.

Etape 11 : Les céréales (suite)

Les céréales sont semées en automne et en hiver. En juillet commence la période des moissons, qui se prolonge jusqu'en octobre selon le type de céréales cultivées.

Les témoignages nous parlent d'une réelle entraide pour la moisson et le battage.
« On installait la batteuse dans une ferme et le travail durait plusieurs jours : trois hommes introduisaient le blé dans la batteuse, à l'autre bout, trois autres hommes récupéraient la paille, qui servira aux bêtes, deux hommes mettaient le grain en sac et l'évacuaient. Un homme s'occupait du moteur du tracteur qui actionnait une courroie reliée à la batteuse. Les femmes servaient à boire ».

Etape 12 : La vigne

La vigne a toujours été la production principale des villages de la rive droite du Grésivaudan. Au XIXe c'était la 2e production meylanaise (315 ha soit 21 % de la surface cultivée) Tous les exploitants possédaient des pieds de vigne. Sa culture s'étendait des hauts coteaux jusque dans la plaine.

La vigne produisait du vin pour la consommation personnelle, mais aussi pour la vente à Grenoble, dans les cafés ou les épiceries. Ainsi, les agriculteurs s'assuraient des revenus fixes et intéressants.

En 1882, le phylloxéra, un petit champignon parasite, envahit les vignes françaises entraînant une crise sans précédent de la viticulture. La surface des vignes diminue, mais les nouveaux cépages font un vin de meilleure qualité.

Etape 13 : Les mûriers

L'arbre - Les mûriers multicaules, espèce la plus commune à Meylan, sont plantés le long des chemins. Les feuilles servent de nourriture pour les vers à soie, mais aussi pour le bétail : leur parfum passe dans le lait. Les fruits sont consommés par les hommes et les volailles.

La sériciculture - L'élevage ou "l'éducation" du ver à soie est une activité particulièrement rentable pour la population agricole de Meylan, car elle ne dure pas très longtemps et se pratique à un moment où les travaux à la ferme sont peu nombreux. Certaines fermes de Meylan possédaient un grenier aménagé pour l'élevage des vers à soie, comme la ferme de Bérivière ou celle située à l'entrée du chemin de Chaumetière.

Etape 14 : Les betteraves

En 1812, Napoléon 1er avait publié un décret imposant la production de betteraves à sucre pour remplacer les importations de canne à sucre bloquées par la flotte anglaise.
La plaine est un terrain qui convient à cette plante. Après la 1ère Guerre Mondiale, des ouvriers Belges sont venus à Meylan pour expliquer les méthodes d'ensemencement et de récolte. Plus tard, ce sont des ardéchois et espagnols qui participent au démariage des racines et à la récolte.
Les betteraves servaient à nourrir le bétail, mais la plus grande part de la production était dirigée vers la distillerie de la Croix-Rouge à Saint-Martin d'Hères (à partir de 1959 à Valence), pour fabriquer de l'alcool. A proximité de l'ancienne gare du tramway, existaient encore récemment les plaques de la balance des Poids Publics, destinées à la pesée des récoltes de la commune.

Etape 15 : Les arbres fruitiers

Autrefois, seuls les noyers étaient cultivés. Au cours du XIXe siècle, les cerisiers, pommiers, poiriers puis les pêchers et les abricotiers (après 1918) ont été plantés sur la commune. Les botanistes ont créé de nouvelles espèces. Citons encore le travail de Paul de Mortillet, à qui l'on doit l'introduction du kaki (fruit du plaqueminier) en France et des nouvelles espèces de poires. La proximité de la ville de Grenoble permettait de vendre les fruits sur les marchés, chez les épiciers et hôteliers. Les cultures fruitières se sont installées au milieu des vignes ou sur les bords des jardins potagers. Après la 2e Guerre Mondiale, les fraises et les framboises sont aussi cultivées pour la vente.

Etape 16 : La basse-cour et les lapins

A l'ombre de ces mûriers et près de la fontaine se trouvait autrefois une ferme qui a brûlé en 1914. Chaque ferme avait une basse-cour et des clapiers. A la belle saison, les poules et les canards divaguaient en quête de nourriture. L'hiver, ils étaient enfermés dans le poulailler. Ils donnaient des œufs et de la viande, utiles pour la consommation, mais aussi pour la vente.
Dans les années 1970, les premiers habitants des nouveaux quartiers venaient acheter le lait et les œufs dans les fermes voisines de leurs immeubles.

Etape 17 : Pommes de terre et légumes secs

Ces cultures servaient à la subsistance des hommes et des bêtes. Avant l'introduction de la pomme de terre dans les jardins au XVIIIe siècle, les légumes secs, haricots, fèves et pois, permettaient à chacun de se nourrir. La culture de la pomme de terre est facile, seule la récolte demande de la main d'œuvre. Les pommes de terre nouvelles, surtout celles cultivées sur les coteaux, étaient très appréciées sur les marchés de Grenoble.

Etape 18 : Les légumes, le maraîchage

Ces cultures sont favorisées par les terrains, le climat et la proximité de Grenoble. Les cultures maraîchères s'installent dans la plaine à la fin du XIXe siècle, et sont devenues aujourd'hui la principale production des agriculteurs Meylanais.

Ainsi les asperges, les salades, les haricots verts, les artichauts, les tomates.... qui s'étendent sur 4 ha entre 1900 et 1914, occupent aujourd'hui une grande partie de la surface agricole utilisée.

Etape 19 : L'eau

Situés au pied du massif de Chartreuse, torrents et sources sont présents à travers la ville. Avant 1937, les fontaines étaient les seuls lieux d'approvisionnement en eau pour l'usage domestique et pour les activités agricoles. L'eau provenait de sources ou du réseau de Fontaine Galante, source captée dès 1870 au col de Porte, et dont on peut encore voir les citernes au dessus de la RN 90. A partir de 1937, la demande en eau augmentant, un nouveau captage devient nécessaire : l'eau de la Dhuy (lacs de Belledonne) est alors canalisée et traverse l'Isère pour atteindre des réservoirs sous les falaises du Saint-Eynard. Puis avec l'extension de la ville, il a fallu aller chercher l'eau dans la Romanche (Vizille). La plaine alluvionnaire de l'Isère est propice à la culture du chanvre ou du maïs.

Etape 20 : Les inondations, les années noires

Les registres de délibérations et la mémoire des "anciens" nous racontent l'histoire tumultueuse des débordements de l'Isère et des torrents du Saint-Eynard. Le 21 juillet 1882, suite à un orage, le torrent de Jaillières, aussi dénommé "la Ruine" déborda, causant des dégâts aux récoltes et détruisant des maisons. Les hommes ont alors entrepris de construire des barrages pour freiner son débit : il y en a 18 le long de son parcours.

Dans la plaine, une des dernières inondations date de 1948. « L'Isère déborda deux fois en juin et en août. Ni la chantourne, ni le système de digues installés au début du siècle n'ont pu éviter la perte des récoltes des agriculteurs de la plaine. L'eau resta à stagner pendant trois semaines en juin. Il fallut brûler tous les champs ».

Etape 21 : Les calamités agricoles

Les inondations, des années sèches ou trop humides, les orages violents, sont autant de calamités climatiques, qui peuvent ruiner une année de travail. Les plantes et les bêtes peuvent aussi être attaquées par des parasites, saccagées par des animaux nuisibles (renards, sangliers, etc.).

Les maladies épidémiques ou endémiques peuvent détruire une récolte ou tuer le bétail, comme la crise du phylloxéra pour les vignes en 1882, ou la fièvre aphteuse qui touchait régulièrement le bétail. Aujourd'hui encore, les agriculteurs ne sont pas à l'abri de ces calamités.

Etape 22 : Le petit patrimoine

Le circuit arrive à sa fin.

Nous avons évoqué les principales activités du village rural de Meylan. Les croix de chemins, les fontaines et les citernes d'eau, les murs entourant les clos, mais aussi les arbres et les haies, qui bordent les chemins et qui donnent à la ville ce paysage si particulier, sont autant de souvenirs du passé agricole de la ville.

Au gré de vos balades dans la ville, vers les coteaux, la plaine, des quartiers de Plaine-Fleurie jusqu'au Charlaix, vous observerez les traces de ce passé, ainsi que des fermes encore en exploitation.